La Freewrite, un objet fascinant, entièrement voué à l’art d’écrire.

Frederick Tubiermont
3 min readJan 20, 2018
Cet objet n’a qu’une seule utilité: écrire.

Quelle est la différence entre le fait d’écrire avec une machine Freewrite et un Macbook ? En quoi cela améliore-t-il potentiellement la qualité de votre écriture ?

La première chose qui me vient à l’esprit est la concentration que procure la Freewrite, connectée à l’internet uniquement à des fins de sauvegarde. Ensuite j’aurais tendance à souligner la réflexion que requiert l’usage d’une machine qui rend l’édition des phrases complexe, voire impossible. Si on souhaite modifier un mot ou corriger une faute de frappe, il n’est en effet pas possible de remonter dans le texte. Il faut le cas échéant soit se résoudre à effacer et à recommencer, soit éditer le texte ultérieurement sur un PC.

Cela peut paraître anachronique, voire aberrant quand on sait que les concepteurs de la Freewrite auraient pu sans difficulté autoriser les utilisateurs à éditer le texte en cours de rédaction. Mais cela vous force d’une part à réfléchir aux mots que vous souhaitez employer et d’autre part, si vous êtes du genre perfectionniste, à les taper correctement, du premier coup. La sensation que procure le cliquetis du clavier renforce l’importance que vous accorderez au choix des mots et à la justesse de leur orthographe.

C’est fascinant de constater comment l’ergonomie d’un appareil peut influencer le comportement de son utilisateur. Car la Freewrite est non seulement réservée à un seul usage, l’écriture, mais elle l’aborde avec un parti pris radical, celui d’une création à flux tendu, sans filet.

En outre il est conseillé d’avoir à l’esprit ou sous la forme de notes manuscrites un semblant de structure de ce que l’on souhaite exprimer, avant de se lancer . Cela s’avérera particulièrement utile si l’objet de votre création est un essai, dont l’efficacité repose sur la qualité de l’argumentation. Il est possible de remonter au début de la page (pg up), pour se relire, mais pas d’éditer le texte rédigé.

Un bel exercice qui vous permet de juger de l’intensité de votre inspiration du moment. Car la Freewrite ne vous offre qu’une seule option: aller de l’avant, continuer à dérouler le fil de votre histoire, à développer vos personnages et vos arguments.

Au terme des cliquetis d’une phrase ou d’un paragraphe, chaque pause est l’occasion d’un voyage intérieur à la recherche des mots justes, ceux qui traduiront avec le plus de concision le fond de votre pensée. À ce propos, notons que la Freewrite s’appelait à l’origine Hemingwrite, un nom bien choisi pour une machine qui stimule par sa conception la rigueur d’un auteur.

Si comme moi vous peinez parfois à réserver du temps à votre passion pour l’écriture, je ne peux que vous conseiller cet objet au charme désuet qui, comme le soulignait l’un de ses fans, nous démontre que l’avenir de l’écriture tient peut-être d’un retour aux sources. À l’instar d’Hemingway, j’approcherai désormais l’acte d’écrire comme un rituel quotidien, à concurrence de 500 mots, ni plus ni moins, aidé en cela par un objet sans autre utilité, une machine à écrire, tout simplement.

Découvrez la Freewrite.

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